mardi 20 février 2018

La plus petite des grandes îles




En février 2017, après avoir décollé d'Auckland, fait une escale en Australie et à Kuala Lumpur nous sommes enfin arrivés au Japon à l'aéroport d’Osaka Kansaï. Quand on pense que la première partie de notre voyage de Versoix à Bali s'est faite sans un seul vol, c'était tout de même beaucoup plus simple et moins fatiguant.



Première surprise en arrivant, nous savions que le Japon était un archipel, mais pour les Japonais il faut toujours innover. Donc pour construire un nouvel aéroport, (pas besoin d'essayer de faire comme à Notre Dame des Landes) on commence par construire une île artificielle et ensuite un pont de 3.75 km



Seul petit problème on ne peut le franchir ni à vélo ni à pied et on ne peut (théoriquement) pas mettre les cartons des vélos dans les trains ou les bus.



Nous avons tout de même réussi à amener nos sacoches et vélos dans notre premier hôtel.


Le vélo de Brigitte est bien arrivé



Mais pour celui de Fred il y a eu un peu plus de travail avant de pouvoir reprendre la route.



Le début de notre première journée s'est effectué en longeant des zones industrielles sans grand intérêt pour nous. 



Mais après une traversée en ferry nous sommes arrivés à Shikoku la plus petite des trois grandes îles du Japon



La largeur de routes est proportionnelle à la taille de l’ile. Mais à notre grande surprise  il y a très peu de trafic et les Japonais sont les conducteurs les plus respectueux que nous ayons côtoyés depuis le début de notre périple.



Nous croisons nos premiers temples et



juste à la tombée de la nuit, nous arrivons chez notre premier hôtesse japonaise, Masako Iwamoto qui a vécu 15 ans aux États Unis avant de revenir sur son île pour aider les aînés de la région.





Elle nous permet de découvrir de l'intérieur notre première maison traditionnelle japonaise construite principalement en bois avec des cloisons intérieures en torchis et parois coulissantes en papier.
 

 


notre première nuit de rêve avec les indispensables tatamis et futons, qui sont beaucoup moins épais que ceux qu'on peut trouver en Europe. Si vous n'aimez pas les couchages fermes, vous risquez d’être surpris



Une autre particularité le chauffage est quasi inconnu dans les régions du littoral et ceci malgré des hivers rigoureux. Ce qui fait que, dans la journée et grâce au soleil, la température extérieure est souvent plus élevée que celle à l'intérieur des maisons.



Nous sommes arrivés un petit peu trop tôt dans la saison et en raison des chutes de neige, nous n'aurons pas la possibilité de découvrir l'intérieur de la région au relief très montagneux 



L'avantage, c'est beaucoup plus confortable de faire du vélo sans transpirer



La végétation est encore en sommeil hivernal et les cours d'eaux sont au plus bas.



une des chose qui peut frapper quand on découvre le pays, c'est la "laideur" des villes et villages.
Mais en regardant l'histoire récente du Japon, on comprend rapidement pourquoi. En prenant connaissance de l'ampleur des bombardements qui ont détruit des villes entières où l'essentiel des bâtiments étaient encore en bois. 
Les 9 et 10 mars 1945 par exemple, c’est à Tokyo qu’a eu lieu une des pires atrocités de cette guerre. Le bombardement de la capitale du Japon par 334 bombardiers B-29, bourrés de 496 000 bombes incendiaires au phosphore, magnésium et napalm pour un total ahurissant de 1 700 tonnes de bombes. Près d’un demi million de bombes brûlantes, déversées sur un objectif purement civil. Plus de 100 000 personnes périront dans une capitale devenue un immense brasier. c’est davantage qu’à Hiroshima ou Nagasaki.
De ce fait à la fin de la guerre, il a fallu reconstruire dans l'urgence un peu à l'image de ce qui a été fait en Europe à Brest et Lorient.



Une autre histoire dramatique (on ne peut que très difficilement en parler avec les locaux) c'est le drame de 2011 provoqué par un séisme de magnitude 9 qui aurait fait 20500 morts et disparus avec des conséquences à très long terme. Depuis, sur tout le littoral on a construit des plate formes pour se réfugier, car il est impossible de déplacer la population des zones à risques. On espère pour eux qu'ils n'auront pas à s'en servir car contre la force de la nature l'homme est souvent impuissant . Si vous voulez en savoir un peu plus vous pouvez consulter cet article sur le site de Kampaï.fr







Le long des côtes, des remparts de béton déchirent l’horizon, perturbent le paysage marin pour tenter de se protéger de l'érosion due à la violence des typhons. On creuse la montagne pour fabriquer du béton, bientôt converti en immenses tétrapodes, entassés devant le chantier avant d’être transportés au bord de mer.



Les Japonais cassent leurs montagnes pour les jeter dans la mer. Et l’on est partagé entre un sentiment d’admiration pour ces travaux d’Hercule, et l’infini regret de voir ces espaces bouleversés, maîtrisés, aménagés. Dommage pour l’invitation au grand large et la carte postale du lagon.






Posé à un carrefour de plaques tectoniques, situé sur la route des ouragans, le Japon est un espace exposé aux séismes et aux raz de marées. Au cours de son histoire, le pays a été balayé par de nombreux tsunamis, secoué par des typhons saisonniers. Ces menaces venues de l’océan expliquent l’ardeur des Japonais à bétonner leurs côtes. L'archipel en compte 33'000km.


 


pour nous tout parait tellement calme sur ces routes parsemées de temples bouddhistes




avec ses Chozuya destinés aux ablutions rituelles communes à l'islam



Par contre ici il est de bon ton de déposer un bonne bouteille de Sake. Pas la peine d’essayer de tricher en remplaçant l’alcool par de l'eau, les "dieux" voient tout ;-)
Par contre, on a pas encore réussi à savoir ce que deviennent les bouteilles .




en tout cas, si vous voulez faire des dons, nous ,on accepte toute forme d'offrande: nourriture, bière etc... Pour l'argent on va se contenter de ce que l'on a. Ce jour là, on nous a offert deux pneus, mais ce n’était pas la bonne taille.



il y en a  même qui offrent des CD pour essayer d'éloigner les oiseaux (Danielle, qui se reconnaitra, a dû passer par là)





Après une petite balade digestive le long des cotes désertes






 quelques repas dont vous ne pouvez pas saisir la délicatesse



ce n'est pas pour rien que même les statues portent des serviettes autour du cou




nous faisons une halte vers le temple de
Honkakuji



pour aller rencontrer un moine un peu particulier





Un Américain qui a été guitariste de rock, parle parfaitement français et officie comme moine dans un temple perdu sur la côte sud de Sikoku



depuis notre passage il a un projet de cyclo-moine pour parcourir les Etats Unis monkonabike



n'ayant pas la vocation pour renter dans les ordres, nous poursuivons notre chemin




pour aller retrouver une famille de skate boarder et surfeuse, Ai Fujitsuka , Tom et leurs enfants qui nous attendent pour partager le repas et nous héberger pendant deux jours




le lendemain, ils nous offriront une randonnée dans  l’arrière pays




malgré l'hiver encore bien présent les cascades continuent de dévaler les montagnes





encore un des mystères japonais, nous n’arriverons pas à obtenir une explication quand à la présence de cet extincteur au milieu du court d'eau




Cette famille tokyoïte a choisi de quitter la vie oppressante de la mégapole pour se réfugier dans cette région pour offrir à leurs enfants un occasion de grandir avec moins de pression



récemment ils ont eu l’opportunité d'obtenir cette maison traditionnelle




à l'intérieur le temps semble s'être figé, le fourneau ne demande juste qu'a être rallumé



on y trouve également l'espace du brasero, au milieu de la pièce, pour faire le thé et offrir un peu de chaleur





le soir suivant nous sommes invités à rejoindre leurs amis pour un barbecue nocturne dans le jardin.
Un de leur amis arrive avec un four à pizza fabriqué par ses soins




après quelques premiers plats plus traditionnels en attendant que le four monte en température



nous les initions aux subtilités de la gastronomie européenne, les Japonnais étant d'un naturel très polis, nous n'aurons aucune remarque sur l'odeur dégagée par notre Gérard
 


 La première pizza arrive enfin et franchement même JR n'aurait rien trouvé à dire. Le pizzaiolo aura eu du mal à satisfaire la demande jusque tard dans la nuit.







le lendemain nous devons reprendre la route et abandonner cette famille formidable qui envisage aussi un jour ou l'autre de prendre la route à vélo





on imagine toujours l'Australie ou la Californie comme les pays du surf, mais il ne faudrait pas oublier le Japon






car ici aussi c'est un sport très populaire et pas seulement pour les jeunes




le Japon c'est aussi le pays de la pêche comme on peut le voir au quotidien dans les ports, les restaurants et dans les temples 




avec malheureusement des traditions qui perdurent en dépit   des protestations internationales.
Le plus incompréhensible et inacceptable pour nous est de se réfugier derrière un pseudo programme de recherche scientifique pour continuer de pratiquer la chasse à la baleine




Autant la chasse traditionnelle trouvait sa justification au niveau alimentaire, mais de nos jours elle est difficilement défendable de même que la pêche aux dauphins qui terminent sur les tables des restaurants ou encore beaucoup plus rentable, dans les aquariums et autres parcs aquatiques pour amuser les petits et les grands. Les Japonais ne mangent quasiment plus de baleine, mais près de 80% de la population reste en faveur de sa chasse. Si vous voulez en savoir un peu plus un article à lire ici





mais il ne faut pas généralisé et nous avons également assisté au sauvetage d'un dauphin qui venait de s'échouer sur la côte




c'est toujours l'hiver en ce début du mois de mars mais des arbres sont tout même déjà fleuris




mais en s’approchant nous réalisons que ce sont des eriobotrya japonica ! Nous ne l'avons pas trouvé tout seul, on avait juste reconnu des néfliers.
 



 La floraison de cet arbre étant hivernale les fruits sont ensachés pour accélérer la maturation et les protéger des oiseaux  et de Marie Lola qui en sont friands.





Nous, durant notre séjour




notre alimentation sera principalement composée de poissons




de poissons




 mais parfois aussi de poissons




arrivé à Kochi, nous sommes attendus par la famille de Midori Machida 



qui pendant deux jours, nous fera découvrir un peu plus en profondeur




la richesse de la cuisine japonaise.
 




du petit déjeuner avec des têtes de poisons grillées, pâte de sésame, tofu, racines de lotus




jusqu'au souper avec ses soupes, sashimis, sushis ......





une chance pour nous, ils nous ont prêté leur chien pour aller digérer tout ça avant de recommencer la même chose le lendemain et pouvoir déguster le célèbre 鰹のタタキ.



 
Ce plat est la spécialité de Kōchi, le Katsuo tataki  est un filet de  bonite qui est saisi au dessus d'un feu et seule la couche extérieure est cuite (de 3 mm à 1 cm de profondeur)
 laissant l'intérieur cru. Après cela, il est coupé en d'épaisses tranches juteuses qui ressemblent à du sashimi sur dimensionné. Il est servi avec de l'ail et de l'oignon en tranche, du shiso (une feuille asiatique au goût particulier et délicieux/ et bien sûr du wasabi frais. Rien que d'écrire ces lignes nous en avons la larme à l'oeil......
 



Kochi est une ville de 350 000 habitants qui malgré le bétonnage de l'après guerre, a réussi a conserver quelques beaux parcs et son magnifique château.





De plus le réseau de transport en commun comme partout au Japon est très développé et beaucoup d'habitants se déplacent à vélo.




la ville est parsemée de temples











qui sont de véritables chefs d'oeuvre au niveau artistique et aussi pour la qualité du travail réalisé




Après cette halte gastronomique nous avons repris les routes toujours aussi peu fréquentées









avec parfois des terrains de camping improvisés dans des cours d'école où au réveil on nous offrira même le café











Si la plus part d'entre vous connaissent les chemins de
Saint Jacques de Compostelle. Beaucoup moins doivent connaître le pèlerinage de shikoku qui fait le tour de l'île en 88 temples et  environ 1400 kilomètres au plus long


Si vous avez une vocation de pèlerin
 


Voici le chemin pour affûter votre Karma. Si vous voulez vraiment vous racheter une conduite il parait que le must, une fois accompli le chemin complet, est de le refaire mais à l'envers. Par contre personne n'a été en mesure de nous préciser si on fait demi-tour ou si on doit marcher à reculons ?!




on pense que celui ci est comme nous et cherche encore la réponse


pour la pêche les Japonais utilisent des bateaux mais pas toujours comme nous



donc si vous apercevez un homme debout sur un rocher en pleine mer, attendez avant d'appeler les secours
 

Ce sont des pêcheurs à la ligne que des bateaux viennent rechercher en fin de journée, on espère qu'ils n'en oublient pas trop souvent




le long des routes les calamars sèchent tranquillement au soleil




en attendant d'être grillés par les cyclistes de passage




quand on pense qu'il y a encore des gens qui disent que les japonais ne sont pas accueillants.
Ils devraient venir y passer quelque mois à vélo...



Nous voici arrivés au bout de l'île



à Sukumo où nous attend notre ferry




pour une traversée en direction



de 九州, c'est facile ça se prononce comme ça s'écrit



Kyūshū